Abdoulaye Diaby : « Cela fait 5 ans que nous attendons »

Champions d’Afrique U17 en 2017 au Gabon, les Aiglonnets, qu’ils étaient à l’époque n’ont toujours pas obtenu la promesse faite par l’État malien, à savoir une villa et 1 million chacun. Près de 5 ans plus tard, ils attendent désespérément, mais ils espèrent que mieux vaut tard que jamais. Porte-parole de cette génération, Abdoulaye Diaby, qui évolue désormais du côté de Ujpest (D1 Hongrie), a tenu à parler de la détresse de ses coéquipiers, dont certains n’ont pas encore eu la chance de s’expatrier.

Entretien.

Après avoir remporté la CAN U17 en 2017 au Gabon, l’Etat malien vous avait fait des promesses d’une villa et plus 1 million chacun. Est-ce que ces promesses ont été respectées ?

Malheureusement, on n’a reçu aucune récompense pour la CAN U17. On avait reçu des promesses comme quoi si on remportait la CAN, on aurait au minimum une villa et un million de franc CFA, à l’image des champions d’Afrique 2015, mais jusqu’à présent rien. Nous sommes toujours en attente de ces récompenses après près de 5 ans.

Les champions U17 de 2015 ont-ils reçu leurs récompenses ?

Oui, ils ont reçu les joueurs et le staff (1 million et une villa chacun). Et nous, on nous avait promis au minimum la même chose. C’est-à-dire que si on n’obtient pas plus, on n’aura pas moins. Au soir de la finale, on espérait même plus vu les difficultés pour nous de remporter encore un titre qu’on était venu défendre, sans préparation et avec une incertitude de participation, car le Mali était encore suspendu à quelque semaine du tournoi. Mais pour l’heure, on ne demande que le minimum promis.

Avez-vous entamé des démarches pour rentrer en possession de ce qui vous revient de droit ?

Déjà on a patiemment attendu. On nous disait par moment que les ministres avaient changé, ou que les villas étaient en construction… Ensuite on a entrepris, entre nous même, de se lever pour réclamer notre dû, du fait de l’attente devenue trop longue, par peur de ne pas tomber dans l’oubli. Nous sommes allés à la Fédération, puis au Ministère des Sports. On a aussi fait des lettres adressées à plusieurs endroits dont la présidence, le Ministère des Sports, et la Fédération elle-même. Nous sommes les joueurs, je pense que normalement ceci devrait être automatique et qu’on recevrait notre récompense sans avoir à fournir d’autres efforts. Notre objectif  c’était de remporter la CAN pour le peuple malien. On ne devrait pas encore venir galérer pour notre récompense promise par les hautes autorités du moment.

Après ces actions  menées auprès des différentes organisations étatiques  et fédérales, qu’est-ce que vous avez reçu comme réponse ?

Nous avons reçu des accusés de réception. Mais, nous n’avons pas reçu de retour concret nous expliquant la situation ou nous disant ce qui se passe et comment ça va se passer. Nous les joueurs ne savons pas où sont passés nos dossiers. Nous ne savons pas si nos dossiers sont en cours, s’ils sont rangés quelque part, ou même s’ils n’ont jamais existés. Pour l’heure, nous restons bredouilles.

Ce problème de récompense qui traîne jusqu’à présent n’est-il pas dû aux crises récentes que traverse le Mali ?

Vous savez remporter une CAN, ça ramène de l’argent. Nous-même les joueurs, qui avons carburé pour la gagner, devons-nous rester sans rien ? La crise a joué sûrement, surtout le changement plusieurs fois de gouvernement. Ça ralentit fortement notre remise. Sinon je pense que si M. Housseini Amion Guindo était toujours ministre des Sports, on serait directement venu à lui, car c’est lui qui est venu nous parler au nom du président et son gouvernement. Maintenant, beaucoup de choses ont changé, dont le président lui-même. Mais, rien n’est perdu, vu que l’État est une continuité. Leur promesse devient la promesse de ceux qui sont en poste maintenant. On interpelle les dirigeants actuels à tenir cette promesse. Plusieurs d’entre nous sont encore dans des situations très précaires. On appelle la Fédération à travers son président et le ministère des Sports à travers son ministre de nous aider à rentrer en possession de ces récompenses.

Quel est votre dernier message à l’endroit du président de la république du Mali, du ministre des sports et du président de la fédération  malienne de football ?

Alors, ceci est notre cri de cœur, on n’a aucun autre moyen de faire si ce n’est celui-ci. On appelle d’abord au Président de la transition M. Assimi Goïta, au premier ministre M. Choguel Kokala Maïga, à notre ministre des sports M. Moussa Ag Attaher, ainsi qu’à notre président Mamoutou Touré, à se saisir de ce dossier, afin que nous puissions être récompensé comme nous le méritons. Cela fait déjà 5 ans que nous attendons désespérément mais nous avons foi en eux et nous disons mieux vaut tard que jamais.

Dramane COULIBALY