Daba Modibo Keita : « le taekwondo m’a donné notoriété et le respect du monde »

Vainqueur du Championnat du monde masculin de taekwondo en 2007 à Pékin, dans la catégorie des plus de 84 kg, puis à Copenhague (dans la catégorie des plus de 87 kg), Daba Modibo Keita n’est jamais parvenu à décrocher une médaille olympique et il explique les raisons. Néanmoins, il fait partie des meilleurs sportifs maliens de l’histoire du Mali et même de l’Afrique.

Entretien.

Pouvez-vous déjà nous dire comment vous êtes entrés dans le monde du taekwondo ?

Je suis arrivé au taekwondo, par le biais de mon défunt oncle et ancien Directeur adjoint de la Sécurité d’État du Mali M. Louis Keïta et lui-même ancien pratiquant de cette discipline, qui a donc recommandé à mon défunt Père Mamadou Keïta de nous inscrire au taekwondo mes frères et moi.

Vous aviez longtemps été l’une des icônes de cette discipline au monde, grâce à vos doubles titres de champion du monde ?

En effet, cela est plus qu’un honneur pour moi et une fierté pour le Mali entier. Ces deux titres ont beaucoup contribué à faire de moi la personne que je suis aujourd’hui et cela dans plusieurs aspects. L’une des choses les plus importantes, je dirais qu’ils m’ont tout d’abord et simplement responsabilisé. En tant que sportif, avoir deux titres de champion du monde dans sa carrière est un bel exploit et une lourde responsabilité. On devient un « rôle-model » ou un modèle et l’on se doit donc de donner le meilleur de soi dans tout ce qu’on fait, afin d’être une inspiration et un exemple pour la génération future.

Aviez-vous des regrets de n’avoir pas remporté de médaille olympique dans votre carrière ?

En effet, les Jeux Olympiques ont été une pierre dure sur mon chemin, car la médaille d’or olympique est le seul titre qui manque à mon modeste palmarès. Mais, je n’ai aucun regret, car je sais que j’ai tout donné et que le monde entier a été témoin de ce qui s’est passé sur les tatamis ou tapis olympiques. Quand vous avez un arbitre dont je me priverais de dire le nom, qui a la prochaine compétition à laquelle vous vous rencontrez après celle des JO, passes tout le temps à vous présenter des excuses et à vous demander de lui pardonner, ça veut dire ce que cela veut dire et j’ai pardonné. Je n’oublierais pas, mais j’ai bel et bien pardonné. Le plus important, c’est que je n’ai aucun remords, de même aucun regret, car au fond, je sais que j’ai donné le meilleur de moi-même et « Allah ka tignè Dèmè » (que Dieu aide la vérité, en bambara).

En tant que monument du taekwondo malien, qu’est-ce que vous envisagez pour que votre héritage soit perpétué ?

Vous savez, mon héritage professionnel se décrit déjà et se perpétue par le fait d’être celui-là, qui à un moment donné a été un modèle d’exemple à suivre et plus tard un conseiller. Mes exploits ont permis à mes frères Maliens et Africains en général de croire en eux et de réaliser que si un Africain du nom de Daba Modibo Keita avait réussi à passer se capte en se hissant au plus sommet de la pyramide de notre art, qu’ils étaient donc aussi capables de le faire. Les résultats sont là aujourd’hui et j’en suis plus que fier parlant du taekwondo malien en particulier et africain en général.

Quel regard portez-vous sur le taekwondo malien en particulier et africain en général ?

Le taekwondo malien en particulier et Africain en général regorge aujourd’hui de plusieurs grands champions, donc le regard que je porte ne peut être que positif. Que les athlètes maliens et africains continuent de croire en eux en toute humilité et de donner le meilleur d’eux-mêmes pour le rayonnement du taekwondo africain et je prie le Tout Puissant Allah, afin qu’Il leur apporte son aide dans ce sens.

Quel est l’athlète qui vous a le plus impressionné dans votre carrière ?

Le meilleur athlète de tous les temps dans notre discipline selon moi, j’en ai 4 et pour moi ces quatre grands Champions occupent le même rang à mes yeux. Honneur aux dames, je commencerais donc par la Chinoise WU Jingyu, l’Américain Steven Lope, l’Iranien Haidi Saei et pour terminer le Sud-Coréen Moom Dae Sung. Je mettrais donc ces 4 grands et valeureux guerriers au singulier tout en faisant d’eux, le meilleur athlète de tous les temps.

Qu’est-ce que le taekwondo a apporté à Daba Modibo Keita, en termes financiers et de notoriété ?

Le taekwondo autre que cette richesse en termes financiers, m’a offert une richesse bien plus grande, que sont la notoriété et le respect du monde entier envers ma modeste personne. Cela m’ouvre grandement des portes partout où je me retrouve sur notre belle planète Terre. J’en suis plus que reconnaissant et je remercie infiniment le Bon Dieu de ses bienfaits.

Par Bréhima DIAKITÉ