Samba Diawara : « Il va falloir que l’équipe passe un palier »

Les Aigles du Mali vont croiser le fer avec leurs homologues de la Tunisie, au mois de mars prochain dans le cadre des barrages de la Coupe du monde Qatar 2022. Pour l’ancien international malien Samba Diawara (43 ans), titulaire de la licence UEFA A et du certificat de formateur et actuel entraîneur-adjoint du Sporting Club Charleroi en Jupiler League belge, tout le peuple malien devrait s’unir comme un seul homme pour pousser cette équipe a réalisé cette qualification historique à la phase finale de la Coupe du monde. Il estime qu’il va falloir que l’équipe passe un palier.

Entretien.

Lors de la CAN Cameroun 2021, le Mali est éliminé prématurément de la compétition. Quelle analyse faites-vous du parcours des Aigles ?

Concernant le parcours des Aigles durant cette CAN, c’est vrai qu’on s’attendait à mieux, eu égard des qualifications qui avaient été presque parfaites. On attendait beaucoup de cette prestation lors de cette CAN, malheureusement on a été éliminé  prématurément. Après, c’est une jeune équipe qui est en train de se construire, ça leur a permis de prendre un peu d’expérience. Mais, il va falloir que l’équipe passe un palier. Ce qui est bien, c’est qu’elle a l’occasion de se rattraper dans un mois, puisqu’elle disputera les barrages de la qualification pour la coupe du monde. Donc, il n’y a rien de mal à faire. Mais, c’est vrai que l’élimination a déçu beaucoup de maliens. Je pense que l’équipe avait le potentiel pour aller plus loin. Je pense que l’équipe était supérieure à la Guinée Equatoriale, maintenant on n’a pas su le montrer sur le terrain. Mais, les aigles auront l’occasion de rattraper cette déception et de rendre fier les Maliens, en se qualifiant pour la prochaine Coupe du monde.

Après 2019, les Aigles se font sortir une fois de plus en 8ème de finale. Qu’est ce qui manque à cette équipe pour franchir ce cap ?

Avant tout, elle leur manquait de la réussite. Quand on a été éliminé aux tirs au but, c’est une sorte de loterie, ça aurait pu basculer pour le Mali. Ça a malheureusement basculé pour la Guinée Equatoriale. Après, je répète que l’équipe a été supérieure à la Guinée Equatoriale, mais elle ne l’a pas montrée. Je pense qu’au niveau de l’animation offensive, il y a eu quelques manquements. On arrivait à s’amener dans les trente derniers mètres et une fois qu’on était en zone de conclusion, on manquait de présence, de percussions et aussi d’efficacité. On a eu des occasions où on s’est montré maladroit. J’ai entendu parler aussi beaucoup de caractère, bien sûr que ça fait partie du jeu mais avant tout ce sont des qualités footballistiques, qui doivent primer et je pense que ces qualités les joueurs les ont maintenant. Ils vont devoir les démontrer (…). Ça sera deux rencontres contre la Tunisie qui seront peut-être même plus importantes que la CAN, parce qu’on parle d’une qualification pour la Coupe du monde.

Parlons de l’animation offensive de l’équipe. Est-ce que le problème se situe au niveau du staff technique ou des joueurs en question ?

Moi, qui fais partie d’un staff technique, je me rends bien compte qu’il n’est pas toujours facile de faire passer les idées aux joueurs. Maintenant, ceux qui sont sur le terrain se sont les joueurs, c’était à eux aussi de prendre leurs responsabilités et de faire en sorte qu’ils soient supérieurs à cette équipe de Guinée Equatoriale. Ils avaient des responsabilités à prendre et ils n’ont pas répondu aux différentes attentes, après je l’ai dit tout à l’heure c’est une équipe encore en construction, qui est relativement jeune, qui est en train de prendre de l’expérience dans les différents championnats européen. Mais, il va falloir apprendre rapidement puisque les Maliens sont impatients.

Est-ce que c’est le moment opportun d’injecter de nouveaux éléments offensifs au sein des Aigles du Mali ?

Je pense que le staff en place fait avec les éléments qui sont à leur disposition, c’est clair que si on pouvait avoir un apport de qualité avec des joueurs qui se mettraient à la disposition des Aigles, ça serait un plus. Mais, il ne faut pas non plus enterrer les joueurs actuels parce qu’ils ont fait de bonnes choses. Je ne pense pas que tout est à jeter (…). J’ai entendu quelques noms circulés, après si ces joueurs pouvaient apporter déjà un peu de concurrence et de la qualité ça ne serait pas du luxe.

Lors de la conférence de presse tenue, le président de la Fédération malienne de football a réaffirmé son soutien au staff technique, malgré tous ces bruits…

(…) Je pense que la Fédération a opté pour la continuité. C’est de terminer le travail qui a été entamé. Cette équipe, ce staff technique a permis au Mali de se qualifier pour la CAN. C’est vrai qu’il y a eu un coup d’arrêt avec cette élimination précoce, mais il y a un travail à terminer. À un mois d’une double confrontation hyper importante, il aurait été délicat de tout modifier. Cette équipe à une base, cette équipe a certains repères. Je pense qu’il faut avoir confiance en Magassouba et son staff, qui feront tout pour franchir cet obstacle tunisien. Après le fait d’injecter un collège d’entraîneurs avec d’anciens joueurs  qui ont une expérience de haut niveau, ça ne peut être que bénéfique. L’union doit faire la force, je pense que l’équipe nationale, c’est le devoir de chaque malien d’apporter sa pierre à l’édifice, pour faire en sorte que cette équipe soit performante.

Est-ce que vous avez été approché par la Fédération, afin de faire partir de ce collège ?

Non, je n’ai jamais été approché par la Fédération malienne de football, mais je pense qu’il y a des personnes qui sont plus légitimes que moi pour apporter leur expertise à cette équipe. il y a des joueurs qui ont des centaines de sélections, qui ont évolué dans les grands championnats européens, donc c’est tout à fait normal que la Fédération se dirige vers ces personnes. Moi je suis en fonction ici dans mon club en Belgique à Charleroi SC et je n’étais pas forcément  demandeur, même si tout le monde aimerait contribuer à ce que les autres puissent se porter mieux.

Sachant que vous êtes en fonction à Charleroi, si jamais la Fédération malienne de football venait à vous faire appel pour rejoindre soit le collège ou le staff technique, est ce qu’il y a une faisabilité ?

Étant donné que je suis en fonction, je suis sous contrat ici à Charleroi. Je suis lié, je suis dépendant de ceux qui m’ont engagé et je ne pense pas que c’est faisable parce qu’on est en plein championnat, nous sommes en train de nous battre pour les qualifications pour les play-offs. Donc, ça m’étonnerait qu’on puisse me libérer, même si ça aurait été un honneur pour moi de pouvoir rejoindre ce collège mais ce n’est pas d’actualités. Peut-être dans le futur. Le Mali a une place importante dans mon cœur, donc je ne serai pas contre à un moment de pouvoir aider mon pays.

Comment la sélection malienne doit aborder cette double confrontation  historique face à  la Tunisie ?

Cette confrontation doit être abordée avec le plus grand sérieux, la plus grande concentration. Je pense que cette équipe aura besoin du soutien de tous les Maliens, c’est le moment de s’unir d’être tous derrière les Aigles, afin qu’ils se sentent bien et qu’ils ne jouent pas à onze. Mais, tout le peuple malien qui sera sur le terrain  au moment d’affronter ces Tunisiens. Ils ont aussi besoin de sérénité, ils sont conscients de l’enjeu qui se trouve derrière ces deux rencontres. Je ne doute pas un seul instant qu’ils donneront le maximum pour franchir cette étape et aller au Qatar dans quelques mois pour la première fois.

Croyez-vous en cette qualification historique pour la toute  première fois des Aigles du Mali pour la Coupe du monde ?

Le Mali n’a jamais été aussi proche d’une qualification pour une Coupe du monde, donc j’y crois plus que jamais. J’ai confiance en mes jeunes frères et je suis certain qu’ils vont franchir cette étape.

Un mot à l’endroit de la Fédération, du public sportif malien ainsi qu’aux joueurs ?

Ce que je peux dire, c’est qu’on doit être uni, que tout le peuple malien doit être derrière cette équipe. Une fois ces deux matchs terminés, il sera le temps de faire des conclusions mais pas avant. Cette équipe a besoin de soutien sans limite, qu’ils s’en rendent compte qu’ils ne seront pas seuls sur le terrain, mais qu’ils joueront pour leur peuple. Pour ce peuple malien qui attend cette qualification historique depuis toujours et qui mérite de vivre des moments de bonheur. Participer à une Coupe du monde pour un pays comme le Mali, c’est quelque chose de génial. Qu’on soit tous derrière les Aigles et qu’on soit confiant également parce qu’on a tendance à douter, à être pessimiste, on doit y croire. Ils ont fait de bonnes choses jusqu’à présent nos frères sont capables de nous procurer des grands moments de joie.

Par Dramane COULIBALY